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je suis de l’avis que la France doit chercher ses appuis parmi les nations dont les besoins s’accordent avec ses besoins. On ne fonde pas des alliances sur des opinions contre des intérêts. Où sont en Europe les besoins qui s’accordent ? ils sont chez les Français et les Allemands et chez les peuples naturellement destinés à servir de satellites à ces deux grandes nations. Les destinées d’une civilisation progressive, sincère et raisonnable, se décideront au cœur de l’Europe : tout ce qui concourt à hâter le parfait accord de la politique allemande avec la politique française est bienfaisant ; tout ce qui retarde cette union, quelque spécieux que soit le motif du délai, est pernicieux.

La guerre éclatera entre la philosophie et la foi, la politique et la religion, entre le protestantisme et l’Église catholique ; et de la bannière qu’arborera la France dans cette lutte colossale, dépendra le sort du monde, de l’Église, et avant tout de la France.

La preuve que le système d’alliance auquel j’aspire est bon, c’est qu’un temps viendra où nous n’aurons pas la liberté d’en choisir un autre. La politique russe met tout en jeu pour retarder ce moment : si elle réussit elle forcera les peuples de l’Allemagne à faire une révolution pour recouvrer leur indépendance.

Comme étranger, surtout comme étranger qui écrit, j’ai été accablé de protestations de politesse