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devenue l’infatigable prévoyance du saint-siége ; les martyrs, frappés d’interdiction, voient la foi catholique sacrifiée par Rome à la politique grecque : et la Pologne découragée dans sa sainte résistance, subit son sort sans le comprendre[1].

Le représentant de Dieu sur la terre n’a-t-il pas encore reconnu que depuis le traité de Westphalie, toutes les guerres de l’Europe sont des guerres de religion ? Quelle prudence charnelle a pu troubler son regard au point de lui faire appliquer à la direction des choses du ciel des moyens assez bons pour les rois, mais indignes du Roi des rois ? Leur trône n’a qu’une durée passagère, le sien est éternel ; oui, éternel, parce que le prêtre assis sur ce trône serait plus grand et plus clairvoyant dans les catacombes qu’il ne l’est au Vatican. Trompé par la subtilité des enfants du siècle, il n’a point aperçu le fond des choses, et dans les aberrations où l’a jeté sa politique de peur, il a oublié de puiser sa force où elle est : dans la politique de foi[2].

  1. Ces remontrances, qui n’outre-passaient pas, ce semble, les bornes du respect, ont été justifiées par les dernières allocutions de la cour de Rome.
  2. L’ignorance des choses religieuses est telle aujourd’hui qu’un catholique, homme de beaucoup d’esprit, à qui je lisais ce passage, m’interrompit : « Vous n’êtes plus catholique, me dit-il, vous blâmez le pape !!! » Comme si le pape était impeccable aussi bien qu’il est infaillible en matière de foi. Encore cette infaillibilité