Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/378

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de plus grand, de plus dangereux ennemi que l’Empereur de Russie. Tôt ou tard, sous les auspices de l’autocratie grecque, le schisme régnera seul à Constantinople ; alors le monde chrétien, partagé en deux camps, reconnaîtra le tort fait à l’Église romaine par l’aveuglement politique de son chef.

Ce prince, effrayé du désordre où tombaient les sociétés lors de son avénement au trône pontifical, épouvanté du mal moral causé à l’Europe par nos révolutions, sans soutien, éperdu au milieu d’un monde indifférent ou railleur, ne craignait rien tant que les soulèvements populaires dont il avait souffert et vu souffrir ses contemporains ; alors, cédant à la funeste influence de certains esprits étroits, il a pris conseil de la prudence humaine, il s’est montré sage selon le monde, habile à la manière des hommes : c’est-à-dire aveugle et faible selon Dieu, et voilà comment la cause du catholicisme en Pologne fut désertée par son avocat naturel, par le chef visible de l’Église orthodoxe. Est-il aujourd’hui beaucoup de nations qui sacrifieraient leurs soldats pour Rome ? Et lorsque dans son dénûment le pape trouve encore un peuple prêt à se faire égorger pour lui… il l’excommunie !!… lui, le seul prince de la terre qui devait l’assister jusqu’à la mort, il l’excommunie pour complaire au souverain d’une nation schismatique ! Les fidèles se demandent avec effroi ce qu’est