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castique, tels sont les traits dominants de leur esprit ; je l’ai dit et répété, car ce serait pure duperie que d’épargner l’amour-propre des gens quand ils sont eux-mêmes si peu miséricordieux ; la susceptibilité n’est pas de la délicatesse. Il est temps que ces hommes qui démêlent avec tant de sagacité les vices et les ridicules de nos sociétés, s’habituent à supporter la sincérité des autres : le silence officiel qu’on fait régner autour d’eux les abuse, il énerve leur intelligence ; s’ils veulent se faire reconnaître des nations de l’Europe et traiter avec nous d’égaux à égaux, il faut qu’ils commencent par se résigner à s’entendre juger. Cette sorte de procès, toutes les nations le soutiennent sans en faire beaucoup d’état. Depuis quand les Allemands ne reçoivent-ils les Anglais qu’à condition que ceux-ci diront du bien de l’Allemagne ? Les nations ont toujours de bonnes raisons pour être comme elles sont : et la meilleure de toutes, c’est qu’elles ne peuvent pas être autrement.

À la vérité, cette excuse ne va pas aux Russes, du moins pas à ceux qui lisent. Comme ils singent tout, ils pourraient être autrement, et c’est justement cette possibilité qui rend leur gouvernement ombrageux jusqu’à la férocité !… ce gouvernement sait trop qu’on n’est sûr de rien avec des caractères tout en reflets.

Un motif plus puissant aurait pu m’arrêter ; c’est la peur d’être accusé d’apostasie, « Il a longtemps