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n’avais écouté que mon amour-propre, il m’aurait dit d’être enchanté de tout : mon cœur n’a été satisfait de rien.

Tant pis pour les Russes si tout ce qu’on raconte de leur pays et de ses habitants tourne en personnalités : c’est un malheur inévitable ; car, à vrai dire, les choses n’existent pas en Russie, puisque c’est le bon plaisir d’un homme qui les fait et qui les défait ; ceci n’est pas la faute des voyageurs.

L’Empereur me paraît peu disposé à se démettre d’une partie de son autorité : qu’il subisse donc la responsabilité de l’omnipotence ; c’est une première expiation du mensonge politique par lequel un seul homme est déclaré maître absolu d’un pays, souverain tout-puissant de la pensée d’un peuple.

Les adoucissements dans la pratique n’excusent pas l’impiété d’une telle doctrine. J’ai trouvé chez les Russes que le principe de la monarchie absolue, appliqué avec une conséquence inflexible, mène à des résultats monstrueux. Et cette fois, mon quiétisme politique ne m’empêche pas de reconnaître et de proclamer qu’il est des gouvernements que les peuples ne devraient jamais subir.

L’Empereur Alexandre causant confidentiellement avec madame de Staël sur les améliorations qu’il projetait, lui dit : « Vous louez mes intentions philanthropiques, je vous remercie ; néanmoins, dans