Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des habitants, qui vous engagent à la boire sans la corriger avec des poudres effervescentes. À la vérité, dans toutes les grandes villes vous trouverez de l’eau de Seltz, luxe de boisson étrangère qui confirme ce que je vous dis de la mauvaise qualité de l’eau du pays. Toutefois cette eau de Seltz est une ressource précieuse ; mais l’obligation d’en faire provision pour une route souvent assez longue est fort incommode. Pourquoi vous arrêtez-vous ? disent les Russes. Faites comme nous, nous voyageons de suite… Charmant plaisir que de faire cent cinquante, deux cents, trois cents lieues sur les routes que je viens de vous décrire, sans descendre de voiture !

Quant aux paysages, ils ont peu de variété ; les habitations sont si uniformes, qu’on dirait qu’il n’y a qu’un village et qu’une maison de paysan dans toute la Russie. Les distances y sont incommensurables ; à la vérité les Russes les diminuent par leur manière de voyager ; ne sortant de voiture qu’en arrivant au lieu de leur destination, ils s’imaginent être restés couchés chez eux pendant tout le temps du voyage, et ils s’étonnent de ne pas nous voir partager leur goût pour cette manière d’errer en dormant, qu’ils ont empruntée à leurs ancêtres les Scythes. Il ne faut pas croire que leur course soit toujours également rapide ; ces gascons du Nord, au moment où ils débarquent, ne nous disent pas tout ce qui les a re-