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S’il est des hommes pour lesquels il m’est difficile d’être équitable, c’est pour ceux qui m’ennuient ; mais je n’en connais guère, car je fuis les oisifs.

Je vous ai dit qu’il n’y avait qu’une ville en Russie : à Pétersbourg il n’y a qu’un salon ; c’est toujours et partout la cour ou des fractions de la cour. Vous changez de maison, vous ne changez pas de cercle, et dans ce cercle unique on s’interdit tout sujet de conversation intéressante ; mais ici je trouve qu’il y a compensation, grâce à l’esprit aiguisé des femmes, qui s’entendent merveilleusement à nous faire penser ce qu’elles ne disent pas.

Les femmes sont en tous lieux les moins serviles des esclaves, parce que, usant habilement de leur faiblesse, dont elles se font une puissance, elles savent mieux que nous échapper aux mauvaises lois ; aussi sont-elles destinées à sauver la liberté individuelle partout où manque la liberté publique.

Qu’est-ce que la liberté, si ce n’est la garantie du droit du plus faible, que les femmes sont chargées par la nature de représenter dans la société ? En France, aujourd’hui, on s’enorgueillit de tout décider à la majorité ; … belle merveille !!!….. quand je verrai qu’on a quelque égard aux réclamations de la minorité, je crierai à mon tour : Vive la liberté !

Il faut tout dire, les plus faibles de maintenant