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gieuse, comme si le danger ne pouvait venir que du côté des nouveaux révolutionnaires ; pourtant les souverains arbitraires étaient d’anciens usurpateurs tout aussi redoutables que le sont les Jacobins modernes.

L’aristocratie féodale est finie, moins l’éclat indélébile dont brilleront toujours les grands noms historiques ; mais dans les sociétés qui veulent vivre, la noblesse du moyen âge sera remplacée, comme elle l’est depuis longtemps chez les Anglais, par une magistrature héréditaire ; et cette nouvelle aristocratie, héritière de toutes les anciennes aristocraties, combinée de plusieurs éléments divers, puisque la charge, la naissance et la richesse en sont les bases, ne retrouvera son crédit que lorsqu’elle s’appuiera sur une religion libre ; or, je l’ai dit et je le répète aussi souvent que je le crois nécessaire, la seule religion libre est celle qui est enseignée par l’Église catholique, la plus libre de toutes les Églises, puisqu’elle est la seule qui ne dépende d’aucune souveraineté temporelle, celle du pape n’étant plus aujourd’hui destinée qu’à défendre l’indépendance sacerdotale. L’aristocratie est le gouvernement des esprits indépendants, et l’on ne peut trop le redire : le catholicisme est la religion des prêtres libres.

Vous le savez : dès qu’une vérité m’apparaît, je la dis sans en calculer les conséquences, persuadé que