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de son ancienne histoire qui n’était que le résultat de son caractère primitif : telle sera désormais la tâche ingrate, et plus utile que brillante, des hommes appelés à gouverner ce pays.

Le génie souverainement pratique et tout national de l’Empereur Nicolas a compris ce problème : pour ra-t-il le résoudre ? je ne le crois pas, il ne laisse pas assez faire, il se fie trop à lui-même et trop peu aux autres pour réussir. D’ailleurs, en Russie, la volonté la plus absolue ne suffit pas pour faire le bien.

Ce n’est pas contre un tyran, c’est contre la tyrannie que les amis des hommes ont à lutter ici. Il serait injuste d’accuser l’Empereur des malheurs de l’Empire et des vices du gouvernement : la force d’un homme n’est pas égale à la tâche imposée au souverain qui tout à coup voudrait régner par l’humanité sur un peuple inhumain.

Il faut aller en Russie, il faut voir de près ce qui s’y passe pour apprendre tout ce que ne peut pas faire l’homme qui peut tout, surtout quand c’est le bien qu’il veut faire.

Les fâcheuses conséquences de l’œuvre de Pierre Ier ont encore été aggravées sous le grand ou, pour mieux dire, sous le long règne d’une femme qui n’a gouverné son peuple que pour s’amuser à étonner l’Europe… L’Europe, toujours l’Europe !!… jamais la Russie !