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se pénétrer de l’esprit qui l’anime, quand on va demander des leçons de civilisation, non pas aux antiques instituteurs du genre humain, mais à des étrangers dont on envie les richesses sans respecter leur caractère, quand l’imitation est hostile et qu’elle tombe en même temps dans la puérilité, lorsqu’on va prendre chez un voisin, qu’on affecte de dédaigner, jusqu’à la manière d’habiter sa maison, de s’habiller, de parler, on devient un calque, un écho, un reflet ; on n’existe plus par soi-même.

Les sociétés du moyen âge, vivantes de leurs croyances renouvelées, fortes de leurs besoins à elles, pouvaient adorer l’antiquité sans risquer de la parodier ; parce que la force de création, quand elle existe, ne se perd jamais à quelque usage que l’homme l’applique… que d’imagination dans l’érudition des xve et xvie siècles !!…

Le respect pour les modèles est le cachet d’un esprit créateur.

C’est pourquoi l’étude des classiques dans l’Occident à l’époque de la renaissance, n’a guère influé que sur les belles-lettres et sur les beaux-arts : le développement de l’industrie, du commerce, des sciences naturelles et des sciences exactes, est uniquement l’œuvre de l’Europe moderne, qui pour ces choses a tiré presque tout d’elle-même. L’admiration superstitieuse qu’elle professa longtemps pour la lit-