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dont l’avait privée une religion toute politique. Cette religion byzantine, sortie d’un palais pour aller maintenir l’ordre dans un camp, ne répond pas aux besoins les plus sublimes de l’âme humaine, elle aide la police à tromper la nation, voilà tout.

Elle a rendu d’avance ce peuple indigne du degré de culture auquel il aspire. Des pasteurs esclaves ne peuvent guider que des esprits stériles : un pope n’instruira jamais les nations qu’à se prosterner devant la force.

L’indépendance de l’Église est nécessaire au mouvement de la séve religieuse ; car le développement de la plus noble faculté des peuples, de la faculté de croire, dépend de la dignité du sacerdoce.

La foule obéira toujours ; elle sera toujours guidée par des hommes : appelez-les prêtres, docteurs, savants, poëtes, tyrans, peu importe ; l’esprit du peuple est dans la main de ses chefs, quels qu’ils soient ; la liberté religieuse pour les masses est donc une chimère ; mais ce qui décide du sort des âmes c’est la liberté de l’homme chargé de faire auprès d’elles l’office de prêtre : or, il n’y a au monde de prêtre libre que le prêtre catholique. Tout prêtre révolté contre son chef spirituel perd sa force ; aussi l’humiliation des ministres du culte est-elle la première punition de l’hérésie ; voilà pourquoi, dans tous les pays schismatiques, on voit les prêtres méprisés