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naissent vieux. Mais la vieillesse des États, comme celle des hommes, est l’âge le plus paisible quand elle couronne une vie glorieuse ; c’est l’âge moyen d’une nation qui est toujours rude à passer : la Russie l’éprouve.

Dans ce pays, différent de tous les autres, la nature elle-même est devenue complice des caprices de l’homme qui a tué la liberté pour diviniser l’unité ; elle aussi, elle est partout la même : deux arbres mal venants et clair-semés à perte de vue dans les plaines marécageuses ou sablonneuses, le bouleau et le pin, voilà toute la végétation naturelle de la Russie septentrionale, c’est-à-dire des environs de Pétersbourg et des provinces circonvoisines, ce qui comprend une immense étendue de pays.

Où trouver un refuge contre les inconvénients de la société sous un climat où l’on ne peut jouir de la campagne que trois mois par an ? et quelle campagne ! Ajoutez que, pendant les six mois les plus rigoureux de l’hiver, on n’ose respirer l’air libre que deux heures par jour, à moins d’être un paysan russe. Voilà ce que Dieu avait fait pour l’homme dans ces contrées.

Voyons ce que l’homme a fait pour lui-même : une des merveilles du monde, sans contredit, c’est Saint-Pétersbourg ; Moscou est aussi une ville très pittoresque, mais que dire de l’aspect des provinces ?

Vous verrez dans mes lettres l’excès de l’unifor-