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de mon attendrissement : la jeunesse ne finit donc jamais !

J’apercevais à travers le feuillage éclairci par les premières gelées blanches, les lointains vaporeux du vallon de Lahn, voisin du plus beau fleuve de l’Europe, et j’admirais le calme et la grâce du paysage.

Les points de vue formés par les ravins qui servent d’écoulement aux affluents du Rhin sont variés ; ceux des environs du Volga se ressemblent tous : mais l’aspect des plaines élevées qu’on appelle ici montagnes, parce qu’elles font plateaux et qu’elles séparent de profondes vallées, est en général froid et monotone. Cependant, ce froid et cette monotonie sont du feu, de la vie, du mouvement auprès des marécages sans bornes et des steppes sans végétation de la Moscovie : ce matin, la lumière scintillante du soleil des derniers beaux jours se répandait sur toute la nature et prêtait un éclat méridional à ces paysages du Nord qui, grâce aux vapeurs de l’automne, avaient perdu leur sécheresse de contours et la roideur de leurs lignes brisées.

Le repos des bois dans cette saison est frappant ; il contraste avec l’activité des champs où l’homme, averti par le calme précurseur de l’hiver, presse la fin des travaux.

Ce spectacle instructif et solennel, car il doit durer autant que le monde, m’intéresse comme si je ne