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vent se coucher partout, excepté dans des lits, cheminent étendus tout de leur long dans ces voitures légères et pittoresques ; parfois l’un des pèlerins veillant sur ceux qui dorment, s’assied les jambes pendantes au bord de la kibitka et berce de songes patriotiques ses compagnons endormis. Il fait alors entendre des chants sourds et plaintifs où le regret parle plus haut que l’espérance, regret mélancolique et jamais passionné : tout est réprimé, prudent, chez ce peuple naturellement léger et enjoué, mais rendu taciturne par son éducation. Si le sort des races ne me paraissait écrit au ciel, je dirais que les Slaves étaient nés pour peupler une terre plus généreuse que celle qu’ils sont venus habiter lorsqu’ils sortirent de l’Asie, la grande pépinière des nations.

En sortant de l’hôtellerie du couvent, on traverse une place et l’on entre dans l’enceinte religieuse. On trouve là d’abord une allée d’arbres, puis quelques petites églises surnommées cathédrales, de hauts clochers séparés des églises dont ils dépendent, et plusieurs chapelles, sans compter de nombreux corps de logis parsemés dans l’espace, sans ordre ni dessin : c’est dans ces bâtisses dénuées de style et de caractère que sont logés aujourd’hui les disciples de saint Serge.

Ce fameux solitaire fonda en 1338 le couvent de Troïtza, dont l’histoire se confond souvent avec celle