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comme l’est votre ambassadeur et d’un homme du caractère de M. de Barante, fera plus pour hâter la délivrance de votre compatriote que tout ce que vous et moi, et vingt autres personnes, nous pourrions tenter à Moscou.

— Mais l’Empereur et ses ministres sont à Borodino ou à Moscou, repris-je encore sans vouloir me laisser éconduire.

Tous les ministres n’ont pas suivi Sa Majesté dans ce voyage, » me répliqua-t-on, toujours sur le ton de la politesse, quoiqu’avec une mauvaise humeur croissante et dissimulée, mais non sans peine. « D’ailleurs, au pis aller, il faudrait attendre leur retour. Vous n’avez, je vous le répète, aucune autre marche à suivre, si vous ne voulez pas nuire à l’homme que vous voulez sauver, en vous exposant vous-même à beaucoup de tracasseries ; peut-être à quelque chose de pis, » ajouta-t-on d’un air significatif.

Si la personne à laquelle je m’adressais eût été un homme en place, j’aurais déjà cru voir les Cosaques s’avancer pour s’emparer de moi et pour me conduire dans un cachot tout pareil à celui de M. Pernet.

Je sentis que la patience de mon interlocuteur était à bout ; j’étais resté moi-même interdit et je ne pouvais trouver une parole contre ses arguments ; je me retirai donc en promettant de partir, et en remerciant