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J’ai eu bien souvent dans mes voyages l’occasion de me rappeler les observations pleines de sagacité de Pestalozzi, le grand philosophe pratique, le précepteur des ouvriers bien avant Fourier et les saint simoniens ; il résulte de ses observations sur la manière de vivre des gens du peuple que de deux hommes qui ont les mêmes habitudes, l’un peut être sale et l’autre propre. La netteté du corps tient à la santé, au tempérament de l’homme autant qu’au soin qu’il prend de sa personne. Dans le monde, ne voit-on pas des individus fort recherchés, et cependant fort mal propres ? Quoi qu’il en soit, il règne parmi les Russes un degré de négligence sordide ; toute nation policée devrait s’abstenir d’un tel excès de résignation : je crois qu’ils ont dressé la vermine à survivre au bain.

Malgré ma mauvaise humeur je me suis fait montrer en détail l’intérieur du couvent patriotique de la Trinité. Son enceinte n’a pas l’aspect imposant de nos vieux monastères gothiques. On a beau dire que ce n’est pas l’architecture qu’on vient chercher en un lieu sacré : si ces fameux sanctuaires valaient la peine d’être regardés, ils ne perdraient rien de leur sainteté ni les pèlerins de leur mérite.

Sur une éminence très-peu saillante, s’élève une ville entourée de fortes murailles crénelées : c’est le couvent. Comme les cloîtres de Moscou, il a des flè-