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décidé de nos désastres, et, grâce à l’issue de cette campagne, voilà qu’aujourd’hui l’Empereur de Russie se plaît à compter pour une victoire la bataille perdue par son armée à quatre journées de sa capitale ! C’est abuser de la liberté de mentir accordée au despotisme parce qu’il se l’arroge ; et, pour confirmer cette fiction, l’Empereur vient de défigurer la scène militaire qu’il prétendait reproduire avec une scrupuleuse exactitude. Voici le démenti qu’il a donné à l’histoire aux yeux de l’Europe entière.

Au moment où les Français, foudroyés par l’artillerie russe, s’élancent sur les batteries qui les déciment pour emporter les canons ennemis avec le courage et le succès que vous savez, l’Empereur Nicolas, au lieu de laisser exécuter une manœuvre célèbre, et qu’il était de sa justice de permettre et de sa dignité d’ordonner, l’Empereur Nicolas, devenu le flatteur des derniers de son peuple, fait reculer de trois lieues le corps qui représente celui de notre armée auquel nous avons dû la défaite des Russes, notre marche en avant, et la prise de Moscou. Jugez si je rends grâce à Dieu d’avoir eu le bon esprit de refuser d’assister à cette pantomime trompeuse !…

Cette comédie militaire vient de donner lieu à un ordre du jour Impérial dont on sera scandalisé en Europe, si la pièce y est publiée telle que nous