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à quelques membres du corps diplomatique, spectateurs désignés de cette grande pantomime. Tous les autres, vieux, jeunes, militaires, diplomates, étrangers et russes, sont revenus à Moscou, harassés de leurs inutiles efforts. J’ai écrit à une personne de la maison de l’Empereur que je regrettais de ne pouvoir profiter de la grâce que m’avait accordée Sa Majesté, en me permettant d’assister aux manœuvres, et j’ai donné pour raison mon mal d’yeux, dont je ne suis pas guéri.

La poussière du camp est, dit-on, insupportable, même aux personnes bien portantes ; elle me ferait perdre l’œil.

Il faut que le duc de Leuchtenberg soit doué d’une forte dose d’indifférence pour pouvoir assister de sang-froid à la représentation qu’on va lui donner. On assure que, dans ce simulacre de bataille, l’Empereur commande le corps du prince Eugène, le père du jeune duc.

Je regretterais un spectacle si curieux sous le rapport moral et anecdotique, si je pouvais y assister en spectateur désintéressé ; mais, sans avoir ici la renommée d’un père à soutenir, je suis enfant de la France, et je sens que ce n’est pas à moi de prendre plaisir à voir cette répétition d’une guerre représentée à grands frais, uniquement dans l’intention d’exalter l’orgueil national des Russes à l’occasion de nos dés-