Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les monstrueux travaux du Kremlin qu’il me faudrait vanter ; j’ignorais enfin l’histoire de la princesse Troubetzkoï, dont je pourrais d’autant moins me distraire que je n’en pourrais parler : toutes ces raisons réunies me décident à rester oublié. C’est facile, car le contraire me donnerait de la peine, si j’en juge par les inutiles agitations d’une foule de Français et d’étrangers de tous pays qui sollicitent en vain la permission d’aller à Borodino.

Tout d’un coup, la police du camp est devenue d’une extrême sévérité ; on attribue ce redoublement de précautions à des révélations inquiétantes. Partout le feu de la révolte couve sous les cendres de la liberté. J’ignore même si, dans les circonstances actuelles, il me serait encore possible de faire valoir la parole que l’Empereur m’a dite à Pétersbourg, et répétée à Péterhoff, quand je pris congé de lui : Je serai bien aise que vous assistiez à la cérémonie de Borodino, où nous posons la première pierre d’un monument en l’honneur du général Bagration. » Ce fut son dernier mot[1].

Je vois ici des personnes invitées et qui n’ont pu approcher du camp ; on refuse des permissions à tout le monde, excepté à quelques Anglais privilégiés et

  1. J’ai appris plus tard à Pétersbourg que des ordres avaient été donnés pour qu’on me laissât arriver jusqu’à Borodino, où j’étais attendu.