Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

berge, à la tête des deux chevaux qui venaient de l’escalader, mais dont les efforts désespérés menaçaient de tout exterminer. La voiture allait verser quand les bêtes furent arrêtées ; mais le postillon et le courrier, ranimés par l’exemple d’Antonio, avaient eu le temps à leur tour de sauter à terre ; le postillon en un clin d’œil fut à la tête des deux chevaux restés sur la route et séparés de leurs compagnons par la rupture d’une des chaînettes du timon tandis que le courrier soutenait la voiture. Presque au même moment, les Cosaques de l’éléphant ayant lancé leurs chevaux au grand galop, arrivèrent à notre secours ; ils me firent descendre de voiture, et aidèrent mes gens à contenir l’attelage toujours frémissant. Jamais on ne fut plus près du dernier malheur, mais jamais accident ne fut évité à moins de frais : pas un clou de la voiture, et, ce qu’il y a de plus étonnant, pas un trait des harnais n’a manqué ; l’une des chaînettes rompue, quelques morceaux de cuir déchirés, des guides cassées, un mors brisé, voilà tout ce que nous eûmes à réparer.

Au bout d’un quart d’heure, Antonio était re placé tranquillement près de moi dans le fond de la calèche, et un autre quart d’heure plus tard, il dormait comme s’il ne nous eût pas sauvé la vie à tous.

Pendant qu’on rajustait nos harnais, je voulus m’approcher de la cause de tout ce dégât. Le cornac