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— Oui, on parle de tolérance, répliquent-ils d’un air malin ; c’est bon pour la foule et pour les étrangers ; mais on punit en secret les journalistes trop audacieux. »

Quand je répète que tout est public en France, on rit finement, on se tait poliment, et l’on ne me croit pas.

La ville de Vladimir est souvent nommée dans l’histoire ; son aspect est celui de l’éternelle ville russe, dont le type ne vous est que trop connu. Le pays que j’ai traversé depuis Nijni est semblable aussi à ce que vous connaissez de la Russie : c’est une forêt sans arbres, interrompue de loin en loin par une ville sans mouvement. Figurez-vous des casernes dans des marais ou dans des bruyères, selon la nature du sol ; et l’esprit du régiment pour animer tout cela !!… Quand je dis aux Russes que leurs bois sont mal aménagés, et que leur pays finira par manquer de combustible, ils me rient au nez. On a calculé combien de milliers de milliers d’années il faudrait pour abattre les bois qui couvrent le sol d’une immense partie de l’Empire, et ce calcul répond à tout. C’est qu’on se paie de mots en ceci comme en tout le reste. Il est écrit dans les états envoyés par chaque gouverneur de province, que tel gouvernement contient tant d’arpents de forêts ! dessus, la statistique exécute son travail d’arithmé-