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— Pensez-vous que ce soit pour son plaisir qu’il reste dans son lit sans sortir d’un appartement comme celui que vous lui avez trouvé ici ?

— Qu’est-ce qu’il a ?

— Je n’en sais rien.

— Pourquoi est-il malade ?

— Ma foi ! allez le lui demander. »

Ce pourquoi m’a paru digne d’être noté.

Cet homme ne m’a pas pardonné la scène de la voiture. Depuis ce jour, ses manières et sa physionomie sont changées ; ce qui me prouve qu’il reste toujours un coin de naturel et de sincérité dans les caractères le plus profondément dissimulés. Aussi lui sais-je quelque gré de sa rancune. Je le croyais incapable d’un sentiment primitif.

Les Russes, comme tous les nouveaux venus dans le monde civilisé, sont d’une susceptibilité excessive ; ils n’admettent pas même les généralités, ils prennent tout pour des personnalités ; nulle part la France n’est plus mal appréciée : la liberté de penser et de parler est ce que l’on comprend le moins en Russie ; ceux qui font semblant de juger notre pays me disent qu’ils ne croient pas que le roi s’abstienne de châtier les écrivains qui l’injurient journellement à Paris.

« Cependant, leur dis-je, le fait est là pour vous convaincre.