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rez soulagé, puis, le lendemain, vous serez guéri.

— Mais je ne puis ni manger, ni dormir, ni me tenir debout, ni remuer sans vives douleurs à la tête, répliquai-je ; et que deviendrai-je si je suis forcé de m’arrêter en chemin ?

— Faites-vous porter dans votre voiture : les pluies d’automne commencent ; je ne réponds pas de vous vous dis-je, si vous restez à Nijni. »

Ce docteur a de la science et de l’expérience ; il a passé plusieurs années à Paris, après avoir fait de bonnes études en Allemagne. Je me fiai à son coup d’œil, et le lendemain du jour où il me donna ce conseil, je montai en voiture par une pluie battante et par un vent glacial. Il y aurait eu de quoi décourager le voyageur le plus dispos. Cependant dès la seconde poste la prédiction du docteur s’accomplit ; je commençai à respirer plus librement, mais la fatigue m’accablait. Il fallut m’arrêter pour la nuit dans un mauvais gîte ;… le lendemain j’étais guéri.

Durant le temps que j’ai passé dans mon lit à Nijni, mon espion protecteur s’ennuyait de la prolongation de notre séjour à la foire et de son inaction forcée. Un matin il vint trouver mon valet de chambre, et lui dit en allemand :

« Quand partons-nous ?

— Je ne sais ; monsieur est malade.

— Est-il malade ?