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Ce contre-temps me fut d’autant plus désagréable que je devais partir ce jour-là même pour Kazan ; j’aurais voulu mettre au moins le pied en Asie, et je venais d’arrêter un bateau pour descendre le Volga, tandis que mon feldjæger eût été chargé de mener ma voiture vide à Kazan, pour me reconduire à Nijni en remontant le cours du fleuve par terre. Toutefois mon zèle s’était un peu ralenti depuis que le gouverneur de Nijni m’avait orgueilleusement montré des vues de Kazan. C’est toujours la même ville d’un bout de la Russie à l’autre : la caserne, les cathédrales en manière de temples, rien n’y manquait ; je sentais que tout ce rabâchage d’architecture ne valait guère la peine d’allonger mon voyage de deux cents lieues. Mais la frontière de Sibérie et les souvenirs du siége sous Ivan IV me tentaient encore. Il fallut renoncer à cette course et me tenir coi pendant quatre jours.

Le gouverneur m’est venu voir sur mon grabat avec beaucoup de politesse ; enfin le quatrième jour, sentant mon malaise augmenter, je me décidai à faire appeler un médecin. Ce docteur me dit :

« Vous n’avez pas de fièvre, vous n’êtes pas encore malade, mais vous allez le devenir gravement si vous restez trois jours de plus à Nijni. Je connais l’influence de cet air sur certains tempéraments : partez ; vous n’aurez pas fait dix lieues que vous vous senti-