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au château sans bruit et au pas. Quelques instants plus tard, tout le monde était recouché.

Le lendemain, le maître de la maison n’a rien de plus pressé que de questionner son hôte le capitaine de hussards, pour savoir ce que signifiaient sa promenade nocturne et les évolutions de ses gens autour de sa voiture et de sa personne. « Rien du tout, reprit le jeune officier sans trahir le plus léger embarras ; mes valets sont novices, vous aurez beaucoup de monde le jour de Pâques, on afflue ici de tous les environs et même de très-loin ; j’ai voulu seulement faire la répétition de mon entrée à l’église.

Il me reste, à moi, à vous faire le récit de ma sortie de Nijni ; vous verrez qu’elle fut moins brillante que la promenade nocturne du capitaine de hussards.

Le soir du jour où j’avais assisté avec le gouverneur au spectacle russe, dans une salle entièrement vide, je rencontrai, en sortant du théâtre, un homme de ma connaissance, qui me mena au café des bohémiennes, situé dans la partie la plus animée de la ville foraine ; il était près de minuit, cette maison était encore pleine de monde, de bruit et de lumières. Les femmes me semblèrent charmantes ; leur costume, quoiqu’en apparence le même que celui des autres femmes russes, prend un caractère étrange porté par elles ; elles ont de la magie dans le regard, dans les