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ont suivis ; tous sont maintenant dans le nouveau sépulcre dont vous voyez la pierre. »

Je n’aurais pu répliquer sans faire révolution dans l’esprit d’un gouverneur de province aussi scrupuleusement attaché aux devoirs de sa charge que l’est celui de Nijni : je l’ai suivi en silence vers le petit obélisque de la place et vers les immenses remparts du Kremlin de Nijni.

Vous venez de voir comment on entend ici la vénération pour les morts, le respect pour les monuments historiques et le culte des beaux-arts. Cependant l’Empereur, qui sait que les choses antiques sont vénérables, veut qu’une église faite d’hier reste honorée comme un vieux monument ; or comment s’y prend-il ? il dit qu’elle est vieille, et elle le devient ; ce pouvoir tranche du divin. La nouvelle église de Minine à Nijni est l’ancienne, et si vous doutez de cette vérité, vous êtes un séditieux, et c’est ce que l’Empereur vous prouvera.

Le seul art où les Russes excellent est l’art d’imiter l’architecture et la peinture de Byzance ; ils font du vieux mieux qu’aucun peuple moderne, voilà pourquoi ils n’en ont pas.

C’est toujours, c’est partout le même système, celui de Pierre le Grand, perpétué par ses successeurs, qui ne sont que ses disciples. Cet homme de fer a cru et prouvé qu’on pouvait substituer la vo-