Ce matin, en entrant dans la cathédrale, je me sentis ému en voyant l’air de vétusté de cet édifice ; puisqu’il contient le tombeau de Minine, il a du moins été respecté depuis plus de deux cents ans, pensais-je ; et cette assurance m’en faisait trouver l’aspect plus auguste.
Le gouverneur me fit approcher de la sépulture du sauvage héros ; sa tombe est confondue avec les monuments des anciens souverains de Nijni, et, lorsque l’Empereur Nicolas est venu la visiter, il a voulu descendre patriotiquement dans le caveau même où le corps est déposé.
« Voilà une des plus belles et des plus intéressantes églises que j’aie visitées dans votre pays, dis-je au gouverneur.
— C’est moi qui l’ai bâtie, me répondit M. Boutourline.
— Comment ? que voulez-vous dire ? vous l’avez restaurée, sans doute ?
Non pas ; l’ancienne église tombait en ruines : l’Empereur a mieux aimé la faire reconstruire en entier que la réparer ; il n’y a pas deux ans qu’elle était cinquante pas plus loin et formait une saillie qui nuisait à la régularité de l’intérieur de notre Kremlin.
— Mais le corps et les os de Minine ? m’écriai-je.
— On les déterra avec ceux des grands-ducs qu’ils