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russe ; les discours du paysan respiraient l’enthousiasme et l’espérance. Pojarski, électrisé par l’éloquence saintement rude de Minine, réunit quelques hommes ; le courage de ces grands cœurs en gagna d’autres, on marcha sur Moscou, et la Russie fut délivrée.

Depuis la retraite des Polonais, le drapeau de Pojarski et de Minine fut toujours un objet de grande vénération chez les Russes ; des paysans habitants d’un village entre Yaroslaf et Nijni le conservaient comme une relique nationale. Mais lors de la guerre de 1812, on sentit le besoin d’enthousiasmer les soldats ; il fallut ranimer les souvenirs historiques, surtout celui de Minine, et l’on pria le gardien de son drapeau de prêter ce palladium aux nouveaux libérateurs de la patrie, et de le faire porter à la tête de l’armée. Les anciens dépositaires de ce trésor national ne consentirent à s’en séparer que par dévouement à leur pays, et sur la parole solennellement jurée de leur rendre la bannière après la victoire, alors qu’elle serait encore illustrée par de nouveaux triomphes. Ainsi le drapeau de Minine poursuivit notre armée dans sa retraite ; mais plus tard, reporté à Moscou, il ne fut pas rendu à ses légitimes possesseurs ; on le déposa dans le trésor du Kremlin, au mépris des promesses les plus solennelles ; toutefois, pour satisfaire aux justes réclamations des