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refoulée ; je ne puis voir ces lèvres pâles et minces, écouter cette parole doucereuse, mais saccadée, et dont l’intonation dit précisément le contraire de la phrase, sans penser que c’est un espion protecteur qu’on m’a donné là, et que cet espion est respecté du gouverneur de Nijni lui-même ; à cette idée je suis tenté de prendre des chevaux de poste et de fuir la Russie pour ne m’arrêter qu’au delà de la frontière.

Le puissant gouverneur de Nijni n’ose forcer cet ambitieux courrier à monter sur le siége de ma voiture, et sur la plainte que j’ai portée à un magistrat qui représente l’autorité suprême, ce personnage, tout important et puissant qu’il est, m’a engagé à patienter !!… Où est donc la force dans un pays ainsi fait ?

Vous allez voir que la mort même n’est pas un garant de repos dans cet Empire incessamment travaillé par le caprice du despotisme.

Minine, le libérateur de la Russie, ce paysan héroïque dont la mémoire est devenue célèbre surtout depuis l’invasion des Français, est enterré à Nijni. On voit son tombeau dans la cathédrale parmi ceux des grands-ducs de Nijni.

C’est de Nijni que partit le cri de la délivrance au temps de l’occupation de l’Empire par les Polonais.

Minine, simple serf, alla trouver Pojarski, noble