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établir entre eux des rapports faciles. Aussi fus-je très-content, au sortir de table, de pouvoir causer tête à tête avec M***. Notre entretien tirait à sa fin, car tous les hôtes du gouverneur se disposaient à sortir quand le jeune lord***, qui connaissait mon compatriote, s’approche de lui d’un air cérémonieux, et lui demande de nous présenter l’un à l’autre. Cette avance flatteuse fut faite par lui avec la politesse de son pays, qui, sans être gracieuse, ou même parce qu’elle n’est pas gracieuse, n’est point dépourvue d’une sorte de noblesse qui tient à la réserve des sentiments, à la froideur des manières.

« Il y a longtemps, milord, lui dis-je, que je désirais trouver une occasion de faire connaissance avec vous, et je vous rends grâce de me l’avoir offerte. Nous sommes destinés, ce me semble, à nous rencontrer souvent cette année, et j’espère à l’avenir profiter de la chance mieux que je n’ai pu le faire jusqu’à présent.

— J’ai bien du regret de vous quitter, répliqua l’Anglais ; mais je pars à l’instant. — Nous nous reverrons à Moscou. — Non, je vais en Pologne ; ma voiture est à la porte, et je n’en descendrai qu’à Wilna. »

L’envie de rire me prit en voyant sur le visage de qu’il pensait comme moi, qu’après avoir patienté trois mois, à la cour, à Péterhoff, à Moscou,