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pas mettre en ligne de compte sa propre finesse : il se garda également de me laisser le temps de lui dire ce que les mauvaises langues ne cessent de me répéter à voix très-basse, c’est que toute mesure financière du genre de celle que vient de prendre le gouvernement russe, donne à l’autorité supérieure des moyens de profit à elle connus, mais dont on n’ose se plaindre tout haut sous un régime autocratique ; j’ignore quelles ont été les secrètes manœuvres auxquelles on a eu recours cette fois ; mais pour m’en faire une idée, je me figure la situation d’un dépositaire vis-à-vis de l’homme qui lui confie une somme considérable. Si celui qui l’a reçue a le pouvoir de tripler à volonté la valeur de chacune des pièces de monnaie dont la somme se compose, il est évident qu’il peut rembourser le dépôt tout en conservant dans ses mains les deux tiers de ce qu’on lui a remis. Je ne dis pas que tel ait été le résultat de la mesure ordonnée par l’Empereur, mais je fais cette supposition entre tant d’autres pour m’aider à comprendre les médisances, ou, si l’on veut, les calomnies des mécontents, ou seulement leurs réticences. Ils ajoutent que le profit de cette opération si brusquement exécutée, et qui consiste à enlever par un décret au papier une partie de son ancienne valeur, pour accroître dans la même proportion celle du rouble d’argent, est destiné à dédommager le tré-