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Russie, ils ont donné ce bel exemple de probité commerciale dont le gouverneur de Nijni se plaisait à m’éblouir. À la vérité, je ne fus ébloui qu’un instant, car je ne tardai pas à reconnaître que si les marchands russes ne se ruinent pas les uns les autres, leurs égards réciproques ont précisément la même source que la mansuétude des mariniers du lac Ladoga, des crocheteurs et des cochers de fiacre de Pétersbourg, et de tant d’autres gens du peuple, qui font taire leur colère non par des motifs d’humanité, mais par la crainte de voir l’autorité supérieure intervenir dans leurs affaires. Comme je gardais le silence, je vis que M. Boutourline jouissait de ma surprise. « On ne connaît pas toute la supériorité de l’Empereur, continua-t-il, quand on n’a pas vu ce prince à l’œuvre, particulièrement à Nijni, où il fait des prodiges.

— J’admire beaucoup, repartis-je, la sagacité de l’Empereur.

— Quand nous visiterons ensemble les travaux ordonnés par Sa Majesté, répliqua le gouverneur, vous l’admirerez bien davantage. Vous le voyez, grâce à l’énergie de son caractère, à la justesse de ses vues, la régularisation des monnaies qui, ailleurs, aurait exigé des précautions infinies, vient de s’opérer chez nous comme par enchantement. »

L’administrateur courtisan eut la modestie de ne