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taire toujours enfermée dans une forêt de sapins sans bornes : peu à peu on voit les lumières diminuer, elles s’éteignent enfin, et l’obscurité, accroissant le silence éternel de ces pâles contrées, répand dans l’âme une nouvelle surprise : la nuit est mère de l’étonnement. Toutes les scènes qui, peu d’instants auparavant, animaient encore le désert, s’effacent graduellement et s’oublient dès que le jour disparaît ; les souvenirs indécis succèdent au mouvement de la vie ; et le voyageur reste seul avec la police russe, qui rend l’obscurité doublement effrayante ; on croit avoir rêvé, et l’on regagne son gîte l’esprit rempli de poésie, c’est-à-dire de crainte vague et de pressentiments douloureux.


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