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convenable sous tous les rapports que ne l’est l’arrangement actuel ! Vous figurez-vous une côte habitée par les représentants de toutes les nations de l’Asie et de l’Europe ? cette montagne peuplée ferait un prodigieux effet ; le marais où grouillent ces populations voyageuses en produit peu.

Les ingénieurs modernes, si habiles dans tous les pays, auraient trouvé là de quoi exercer leur talent ; les admirateurs de la mécanique n’eussent pas manqué d’objets dignes de piquer leur curiosité, car on eût inventé des machines pour aider les marchandises à grimper la montagne ; les poëtes, les peintres, les amateurs de beaux sites et des effets pittoresques, les curieux qui sont devenus un peuple dans ce siècle où l’abus de l’activité produit des fanatiques de fainéantise, tous ces hommes, utiles par l’argent qu’ils dépensent, auraient joui d’une promenade magnifique, et bien autrement intéressante que celle qu’on leur a ménagée dans un bazar uni d’où l’on n’a point de vue et où l’on respire un air méphitique ; enfin ceci mérite considération : ce résultat aurait coûté à l’Empereur beaucoup moins d’argent qu’il n’en a dépensé pour sa foire aquatique, ville d’un mois, plate comme une table, chaude l’été comme une savane, humide l’hiver comme un bas-fond.

Les paysans russes sont les principaux agents du commerce de cette foire prodigieuse. La loi défend