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ceux de Naples, parce qu’à la saleté de leurs personnes se joint celle de leurs habits qu’ils ne peuvent quitter.

Ce que vous venez de lire suffit pour vous donner une idée de l’extérieur de la foire : l’aspect de l’intérieur, je vous le répète, est beaucoup moins intéressant ; il fait un contraste singulier et peu agréable avec celui du dehors. Au dehors, roulent les chars, les brouettes ; là règnent le désordre, le bruit, la foule, les cris, les chants, la liberté enfin ! Au dedans, on retrouve la régularité, le silence, la solitude, l’ordre, la police, en un mot la Russie !

D’immenses files de maisons, ou plutôt de boutiques, séparent de longues et larges rues, au nombre de douze ou treize, je crois, qui se terminent à une église russe et à douze pavillons chinois. Pour suivre chaque rue et parcourir la foire entière, en circulant de boutique en boutique, il faut faire dix lieues. Voilà ce que je sais ; mais quand je vois les lieux je ne le crois pas. Notez que je ne vous parle ici que de la ville foraine proprement dite, et non plus des faubourgs dont nous avons fui le tumulte pour nous réfugier dans la paix du bazar gardé par les Cosaques qui, pour le sérieux, la roideur et l’exacte obéissance, équivalent, du moins pendant les heures du service, aux muets du sérail.

L’Empereur Alexandre, après avoir choisi le nou-