Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chez les Moscovites enrichissent les mahométans de la Perse et de la Tartarie. Cette ville des poissons est située au bord de l’eau ; on voit les peaux de ces monstres divisées par moitié, les unes sont rangées à terre, les autres restent entassées dans la cale des vaisseaux qui les apportent : si l’on ne comptait pas ces corps morts par millions, on se croirait dans un cabinet d’histoire naturelle. On les appelle, je crois, sordacs. Ils exhalent même en plein air une odeur désagréable. Une autre ville est la ville des cuirs, objets de la plus haute importance à Nijni, parce qu’on en apporte là suffisamment pour fournir à la consommation de toute la Russie occidentale.

Une autre, c’est la ville des fourrures ; on y voit des peaux de toutes sortes de bêtes, depuis la zibeline, le renard bleu et certaines fourrures d’ours qu’il faut payer douze mille francs pour s’en faire une pelisse, jusqu’aux renards communs et aux loups qui ne coûtent rien ; les gardiens de ces trésors se font pour la nuit des tentes de leurs marchandises, sauvages abris dont l’aspect est pittoresque. Ces hommes, quoiqu’ils habitent des pays froids, vivent de peu : ils se vêtent mal et dorment en plein air quand il fait beau ; quand il pleut, ils sont nichés sous des piles de marchandises, dans des trous ; véritables lazzaronis du Nord, ils sont moins gais, moins brillants, moins mimes et plus malpropres que