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C’est ce demi-cercle qu’on voit fixé d’une manière si originale et si pittoresque aux extrémités du brancard, et qui domine la tête de tous les limoniers russes ; il est d’un seul morceau de bois ployé à la vapeur, les jantes de roues apprêtées par le même procédé sont aussi d’une seule pièce ; les approvisionnements nécessaires pour fournir ces jantes et ces colliers à toute la Russie occidentale font ici des montagnes de bois pelé dont nos plus grands chantiers de Paris ne donnent pas même une idée.

Une autre ville, et c’est, je crois, la plus étendue et la plus curieuse de toutes, sert de dépôt aux fers de Sibérie. On marche pendant un quart de lieue sous des galeries où sont artistement rangées toutes les espèces de barres de fer connues, puis viennent des grilles, puis vient du fer travaillé ; on voit des pyramides toutes bâties en instruments aratoires et en ustensiles de ménage. On voit des maisons pleines de vases de fonte ; c’est une cité de métal ; on peut évaluer là une des principales sources de la richesse de l’Empire. Cette richesse fait peur. Que de coupables ne faut-il pas pour exploiter de tels trésors ! Si les criminels manquent, on en fait ; on fait au moins des malheureux ; dans ce monde souterrain d’où sort le fer, la politique du progrès succombe, le despotisme triomphe et l’État prospère !!… Une étude curieuse à faire, si on la permettait aux étran-