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mais vous ne pouvez vous figurer comme c’est long à voir, même ne fît-on que passer devant les monceaux de ballots sans les compter. Cette année on en a vendu trente-cinq mille en trois jours. Je viens de contempler les hangars sous lesquels on les a déposées ; un seul homme, mon négociant géographe, en a pris quatorze mille, moyennant dix millions de roubles d’argent (il n’y a plus de roubles de papier), payables une partie comptant, une partie dans un an.

C’est le taux du thé qui fixe le prix de toutes les marchandises de la foire ; tant que ce taux n’est pas publié, les autres marchés ne se font qu’à condition.

Il y a une ville aussi vaste, mais moins élégante et moins parfumée que la ville du thé : c’est celle des chiffons. Heureusement qu’avant de porter les loques de toute la Russie à la foire, on les fait blanchir. Cette marchandise, nécessaire à la fabrication du papier, est devenue si précieuse que les douanes russes en défendent l’exportation avec une extrême sévérité.

Une autre ville m’a paru remarquable entre tous les bourgs annexés à cette foire : c’est celle des bois écorcés. A l’instar des faubourgs de Vienne ces villes secondaires sont plus considérables que la ville principale. Celle dont je vous parle sert d’abri aux bois apportés de la Sibérie, et destinés à faire des roues aux charrettes russes, et des colliers aux chevaux.