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et des élégants pavillons qui ornent le moderne bazar d’Alexandre ; il faut avant tout visiter quelques-uns des divers camps dont la foire élégante est flanquée. L’équerre et le cordeau ne poursuivent pas le négoce jusque dans les faubourgs de la foire : ces faubourgs sont comme la basse-cour ou la ferme d’un château ; quelque pompeuse, quelque magnifique que soit l’habitation principale, l’irrégularité de la nature, le désordre de la nécessité règnent dans les dépendances.

Ce n’est pas un petit travail que de parcourir, même rapidement, ces dépôts extérieurs, car ils sont eux-mêmes grands comme des villes. Là règne un mouvement continuel et vraiment imposant : véritable chaos mercantile où l’on aperçoit des choses qu’il faut avoir vues de ses yeux, et entendu chiffrer par des hommes graves et dignes de foi pour y croire.

Commençons par la ville du thé : c’est un camp asiatique qui s’étend sur les rives des deux fleuves vers la pointe de terre où s’opère leur réunion. Le thé vient de la Chine en Russie par Kiachta, qui est au fond de l’Asie ; dans ce premier dépôt, on l’échange contre des marchandises : il est transporté de là en ballots qui ressemblent à de petites caisses en forme de dés d’environ deux pieds en tous sens : ces ballots carrés sont des châssis couverts de peaux dans lesquelles les acheteurs enfoncent des espèces d’éprou-