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voulu lui assigner du côté de la plaine aride qui s’étend à l’ouest et au nord-ouest vers Yaroslaf et Moscou. Cette ville marchande, encore toute neuve, est un vaste assemblage de longues et larges rues tirées au cordeau ; disposition qui nuit à l’effet pittoresque de l’ensemble : une douzaine de pavillons censés chinois, dominent les boutiques, mais leur style fantastique ne suffit pas pour corriger la tristesse et la monotonie de l’aspect général de la foire. C’est un bazar en carré long qui paraît solitaire, tant il est grand : on ne voit plus de foule dès qu’on a pénétré dans l’intérieur des lignes où sont rangées les boutiques, tandis que les abords de ces rues sont obstrués par des populations entières. La ville foraine est comme toutes les autres villes russes modernes, trop vaste pour sa population, et pourtant vous avez déjà vu que le taux moyen de cette population quotidienne était de deux cent mille âmes : il est vrai que, dans ce nombre immense d’étrangers, il faut comprendre tous ceux qui sont dispersés sur les fleuves dans les barques qui servent d’asile à toute une population amphibie, et dans les camps volants qui environnent la foire proprement dite. Les maisons des marchands reposent sur une ville souterraine, superbe cloaque voûté, immense labyrinthe où l’on se perdrait, si l’on y pénétrait sans un guide expérimenté. Chaque rue de la foire est doublée par une galerie souterraine qui la