Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

époque de l’année où ils deviennent absolument impraticables par l’excès du froid dont la rigueur rend les voyages périlleux, ou par la fonte des neiges et par les inondations, tourbillons sans courant, qui transforment les basses plaines en lacs pendant deux ou trois mois de l’année, six semaines après l’hiver et autant après l’été… le reste du temps ce sont des marécages. Ces routes, toutes semblables entre elles, sont bordées de paysages, toujours les mêmes. Deux rangées de petites maisons de bois plus ou moins ornées de ciselures peintes et le pignon regardant inévitablement la rue, comme un soldat qui présente les armes, chaque maison flanquée d’un bâtiment à deux fins, espèce de cour couverte, ou de vaste hangar clos de trois côtés : voilà le village russe ! Toujours et partout cet unique aspect vous frappe ! Les paroisses sont plus ou moins rapprochées selon que la province est plus ou moins peuplée : mais rares ou nombreux tous se répètent ; il en est de même du site : plaine ondulée, tantôt marécageuse, tantôt sablonneuse : quelques champs, quelques pâturages ceints de forêts de pins, tantôt éloignés, tantôt rapprochés du chemin : quelquefois bien venants, le plus souvent étiolés et grêles : voilà la nature dans ces vastes contrées !… On rencontre de loin en loin quelques maisons de campagne, quelques fermes d’assez belle apparence : deux grandes allées de bouleaux servent d’avenues à