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pour la nuit. Malgré tant de précautions, je n’en ai pas moins trouvé au sortir d’un sommeil inquiet, lourd, agité, deux ou trois prussaki sur mon oreiller. Ces bêtes ne sont pas malfaisantes ; mais je ne saurais vous dire le dégoût qu’elles m’inspirent. La malpropreté, l’apathie que dénote la présence de pareils insectes dans les habitations des hommes, me fait regretter d’être venu parcourir cette partie de la terre. Il me semble que c’est une dégradation morale que de se laisser approcher par des animaux immondes : il y a telle répulsion physique qui triomphe de tout raisonnement.

Maintenant que je vous ai avoué ma misère et décrit mes infortunes, je ne vous en parlerai plus. Seulement, pour compléter le tableau de cette chambre usurpée sur le café, vous saurez qu’on m’a fait des rideaux avec des nappes dont les coins sont cloués aux fenêtres par des fourchettes de fer ; des ficelles servent d’embrasses à ces draperies ; deux malles sous un tapis de Perse me tiennent lieu de canapé ; le reste à l’avenant.

Un négociant de Moscou qui tient un magasin de soieries des plus magnifiques et des plus considérables de la foire, doit venir me chercher ce matin pour me montrer toutes choses avec ordre et détail ; je vous dirai le résultat de cette revue.