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LA RUSSIE
EN 1839
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LETTRE TRENTIÈME.


Au couvent de Troïtza, à vingt lieues de Moscou, ce 17 août 1839.

Si l’on en croyait les Russes, tous les chemins seraient bons chez eux pendant l’été, même ceux qui ne sont pas des grandes routes : moi, je les trouve tous mauvais. Une voie inégale, quelquefois large comme un champ, quelquefois fort étroite, passe à travers des sables où les chevaux s’enfoncent jusqu’au dessus du genou, perdent haleine, rompent leurs traits, et refusent de tirer tous les vingt pas ; et si l’on sort du sable, c’est pour tomber dans des boues où se jouent de grosses pierres et d’énormes souches de bois qui brisent les voitures en dansant sous les roues, et en éclaboussant les voyageurs ; voilà les chemins de ce pays en toutes saisons, excepté aux