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flanqués, avec les rampes, les voûtes, les arcades qui les soutiennent, font tableau de quelque point des environs qu’on les aperçoive.

La foire de Nijni, devenue aujourd’hui la plus considérable de la terre, et le rendez-vous des peuples les plus étrangers les uns aux autres, et par conséquent les plus divers dans leur aspect, dans leur costume et leur langage, dans leurs religions et dans leurs mœurs. Des hommes du Thibet, de la Boukarie, des pays voisins de la Chine, viennent rencontrer là des Persans, des Finois, des Grecs, des Anglais, des Parisiens : c’est le jugement dernier du commerce. Le nombre des étrangers constamment présents à Nijni pendant le temps que dure la foire est de deux cent mille, les hommes qui composent cette foule se renouvellent plusieurs fois, mais le chiffre reste toujours à peu près le même ; cependant à certains jours de ce congrès du négoce, il se trouve dans Nijni jusqu’à trois cent mille personnes à la fois ; le taux moyen de la consommation du pain, dans ce camp pacifique, est de quatre cent mille livres par jour : passé ces saturnales de l’industrie et du trafic, la ville est morte. Jugez de l’effet singulier que doit produire une transition si brusque !… Nijni contient à peine vingt mille habitants qui se perdent dans ses vastes rues et dans ses places nues, tandis que le terrain de la foire reste abandonné pour neuf mois.