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grette la foire asiatique tenue dans les domaines d’un ancien prince moscovite : elle devait être plus pittoresque et plus originale, quoique moins grandiose et moins régulière que celle que je trouve ici.

Je vous ai dit que chaque ville russe a son Kremlin, comme chaque ville espagnole a son Alcazar ; le Kremlin de Nijni avec ses tours d’aspects divers et ses murailles crénelées qui serpentent sur une montagne bien plus élevée que ne l’est la colline du Kremlin de Moscou, a près d’une demi-lieue de tour.

Lorsque le voyageur aperçoit, du fond de la plaine, cette forteresse, il est frappé d’étonnement ; il découvre par moments, au-dessus de la cime des pins mal venants, les flèches brillantes et les lignes blanches de cette citadelle : c’est le phare vers lequel il se dirige à travers les déserts sablonneux qui gênent l’abord de Nijni par la route d’Yaroslaf. L’effet de cette architecture nationale est toujours puissant ; ici les tours bizarres, les minarets chrétiens, ornements obligés de tous les Kremlins, sont encore embellis par la singulière coupe du terrain, qui dans certains endroits oppose de véritables précipices aux créations des architectes. Dans l’épaisseur des murailles on a pratiqué, comme à Moscou, des escaliers qui servent à monter de créneaux en créneaux jusqu’au sommet de la côte et des hauts remparts qui la couronnent : ces imposants degrés avec les tours dont ils sont