Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LETTRE TRENTE-TROISIÈME.


Nijni-Novgorod, ce 22 août 1839, au soir.

Le site de Nijni est le plus beau que j’aie vu en Russie : il y a là non plus de petites falaises, de basses jetées qui se prolongent au bord d’un grand fleuve, des ondulations de terrain qualifiées de collines, au sein d’une vaste plaine : il y a une montagne, une vraie montagne qui fait promontoire au confluent du Volga et de l’Oka, deux fleuves également imposants, car, à son embouchure, l’Oka paraît aussi considérable que le Volga, et s’il perd son nom, c’est parce qu’il ne vient pas d’aussi loin. La ville haute de Nijni, bâtie sur cette montagne, domine une plaine immense comme la mer : un monde sans bornes s’ouvre au pied de cette crique devant laquelle se tient la plus grande foire de la terre ; pendant six semaines de l’année le commerce des deux plus riches parties du monde s’est donné rendez-vous au confluent du Volga et de l’Oka. C’est un lieu à peindre ; jusqu’à présent je n’avais admiré de vues vraiment pittoresques en Russie que dans les rues de Moscou et le long des quais de Pétersbourg, encore