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de Pétersbourg : d’éternels marais entrecoupés de quelques champs d’avoine ou de seigle, qui sont de niveau avec les joncs ; quelques carrés de terre cultivés en concombres, en melons et en divers légumes aux environs de Moscou, culture qui n’interrompt pas la monotonie du paysage ; puis, dans les lointains, des bois de pins mal venants, quelques bouleaux maigres, noueux ; puis enfin, le long des routes, des villages de planches grises, à maisons plates, dominés toutes les vingt, trente ou cinquante lieues par des villes un peu plus élevées, quoique plates aussi, villes où l’espace fait disparaître les hommes, rues qui ressemblent à des casernes bâties pour un jour de manœuvres : pour la centième fois voilà la Russie telle qu’elle est. Ajoutez-y quelques décorations, quelques dorures et beaucoup de gens aux discours flatteurs, aux pensers moqueurs, et vous l’aurez telle qu’on nous la veut montrer ; il faut tout dire : on y assiste à de superbes revues. Savez-vous ce que c’est que les manœuvres russes ? ces mouvements de troupes équivalent à des guerres, moins la gloire ; mais la dépense n’en est que plus grande, car l’armée Impériale n’y peut pas vivre aux dépens de l’ennemi.

Dans ce pays sans paysages coulent des fleuves immenses, mais sans couleur ; ils coulent à travers un pays grisâtre, dans des terrains sablonneux, et