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yeux me prouve la vérité de ce qu’on m’a toujours dit : c’est que les Russes sont singulièrement adroits et industrieux.

Un paysan russe a pour principe de ne reconnaître nul obstacle, non pas à ses désirs,… pauvre aveuglé !… mais à l’ordre qu’il reçoit. Armé de la hache qu’il porte partout avec lui, il devient une espèce de magicien qui crée en un moment tout ce qui manque au désert. Il saura vous faire retrouver les bienfaits de la civilisation dans la solitude ; il raccommodera votre voiture ; il suppléera même à une roue cassée et qu’il remplacera par un arbre habilement posé sous la caisse, attaché d’un bout à une traverse, et de l’autre traînant à terre ; si malgré cette industrie votre téléga est hors d’état de marcher, il en substituera une autre qu’il met sur pied en un moment, sachant faire servir avec beaucoup d’intelligence les débris de l’ancienne à la construction de la nouvelle. On m’avait conseillé à Moscou de voyager en tarandasse, et j’aurais bien fait de suivre cet avis, car, avec cette sorte d’équipage, on ne risque jamais de rester en chemin !… Il peut être raccommodé, même reconstruit par chaque paysan russe.

Si vous voulez camper, cet homme universel vous bâtira une maison pour la nuit : et votre cabane improvisée vaudra mieux qu’aucune auberge de ville. Après vous avoir établi aussi confortablement que