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pas faire de l’autre une seconde sentinelle à la porte de votre chambre, ce qui ne serait ni très-sûr, car une sentinelle assise s’endort, ni très-humain, vous avez recours à l’expédient que voici : vous fichez un grand anneau de fer à vis dans le chambranle de la porte, un autre anneau de même dimension dans la porte, piqué le plus près possible du premier, puis vous passez dans ces deux anneaux qui font pitons, le col d’un cadenas également à vis ; cette vis qui ouvre et ferme le cadenas, lui sert de clef ; vous l’emportez, et votre porte est parfaitement close ; car les anneaux, une fois vissés, ne peuvent s’enlever qu’en les faisant tourner un à un sur eux-mêmes, opération qui ne saurait avoir lieu tant qu’ils sont liés ensemble par le cadenas. La clôture s’opère assez vite et fort aisément : la nuit, dans une maison suspecte, vous pouvez vous enfermer en un moment moyennant cette serrure, invention habile et digne d’un pays où fourmillent les plus habiles et les plus effrontés des voleurs ! Les délits sont tellement fréquents que la justice n’ose être rigoureuse, et puis tout se fait ici par exception, par boutades, régime capricieux, qui malheureusement n’est que trop d’accord avec l’imagination fantasque d’un peuple aussi indifférent à l’équité qu’à la vérité.

J’ai visité hier matin le couvent de Kostroma où l’on m’a fait voir les appartements d’Alexis Romanow