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que pour faire pièce aux anglomanes, à qui je ne pardonnerai jamais le mal qu’ils ont fait au bon goût et au véritable esprit français.

Les Slaves, lorsqu’ils sont beaux, ont une taille svelte, élégante, et qui cependant donne l’idée de la force ; ils ont tous les yeux coupés en amande ; et le regard fourbe et furtif des peuples de l’Asie. Leurs yeux, qu’ils soient noirs ou bleus, sont toujours transparents, ils ont de la vivacité, du mouvement et beaucoup de charme, parce qu’ils rient.

Ce peuple, sérieux par nécessité plus que par nature, n’ose guère rire que du regard ; mais à force de paroles réprimées, ce regard, animé par le silence, supplée à l’éloquence, tant il donne de passion à la physionomie. Il est presque toujours spirituel, quelquefois doux, lent, plus souvent triste jusqu’à la férocité ; il tient de celui de la bête fauve prise au piége.

Ces hommes, nés pour guider un char, ont de la race, ainsi que les chevaux qu’ils conduisent : leur aspect étrange et la légèreté de leurs bêtes rendent les rues de Pétersbourg amusantes à parcourir. Ainsi, grâce à ses habitants et malgré ses architectes, cette ville ne ressemble à aucune des villes européennes.

Les cochers russes sont assis droits sur leurs siéges ; ils mènent leurs chevaux toujours grand train, mais avec beaucoup de sûreté, quoiqu’un peu rude-